Pour ma première grossesse, j'avais élaboré un plan de naissance béton.
Je savais exactement ce que je voulais (et ce que je ne voulais pas) pour la naissance de mon fils. Ça devait se passer ainsi et pas autrement. Après tout pourquoi en serait-il autrement, c'était écrit sur papier et signé avec mon sang !
Finalement, rien ne s'est passé comme prévu.
S'en est suivie une longue période de souffrance (physique et émotionnelle), de honte, de frustration et de colère.
Pour cette deuxième naissance, je ne souhaitais pas revivre cette énorme déception et j'ai préféré me préparer davantage au quatrième trimestre pour accueillir ma fille dans les meilleures conditions tout en prenant soin de moi.
En toute humilité, je te partage mon expérience de la grossesse et de la naissance, mon ressenti et mon avis sur la préparation à l'accouchement ainsi que mon plan post-natal pour mieux vivre ma deuxième naissance.
Les cours de préparation à la naissance et l'expérience d'une première grossesse
Les cours de préparations à la naissance dispensés par les CLSC :
- Se focalisent essentiellement sur la grossesse et les changements qui s'opèrent dans notre corps, le développement du fœtus, le bien-être de la femme enceinte ainsi que sur le jour J : comment le préparer (le fameux plan de naissance), la gestion de la douleur, le rôle de l'accompagnateur. On t'encourage un peu trop fort à ne pas prendre la péridurale. Parce que tu sais ça fait des millénaires que les femmes accouchent dans la souffrance et que tout se passe bien. Et savais-tu qu'on a retrouvé des traces de la péridurale dans le sang d'un nouveau-né plusieurs semaines après sa naissance ? Une bonne petite dose de culpabilité et de pression pour bien commencer ta vie de jeune maman...qui sera déjà suffisamment remplie de remises en question et de culpabilité, crois-moi !
- Proposent un rapide tour d'horizon du retour à la maison et des soins à apporter au bébé, ainsi que le matériel de puériculture nécessaire pour accueillir un nouveau-né
- Laissent une belle part à l'allaitement, on y voit les différentes positions d'allaitement, on y parle marraine d'allaitement, durée de l'allaitement, on te met peut-être même un peu de pression pour que tu allaites ton petit parce que c'est vraiment ce qu'il y a de meilleur pour lui et si tu ne le fais pas, ben tu es bien égoïste. Et hop, une petite charge mentale supplémentaire qui va tourner en boucle dans ton esprit de future maman qui se pose déjà 15000 questions sur le genre de mère qu'elle voudrait (et doit) être pour offrir la crème de la crème à son petit bout.
Malgré quelques critiques sur le fond et la forme, ces cours de préparation à la naissance sont essentiels et apportent beaucoup aux futurs parents mais rien ne prépare la future maman à appréhender et à vivre pleinement les changements qui vont la frapper de plein fouet après la naissance.
En résumé, on se concentre sur la femme enceinte et le nouveau né.
Pas sur la future jeune maman.
L'objectif n'est pas du tout de critiquer ou de dénigrer ce qui existe et ce qui est en place.
Bien au contraire, tous ces sujets sont importants et doivent être abordés (seulement peut-être avec moins de jugement ou de pression sur certains sujets délicats mais j'imagine que cela dépend de l'animatrice/teur de la réunion de préparation).
Mon propos est seulement de pointer du doigt un vide, un trou dans la raquette en ce qui concerne les bouleversements physiques, émotionnels et mentaux que vont vivre les futures mamans.
Ce qu'on appelle le quatrième trimestre semble en effet laisser pour compte.
Certaines diront que c'est un sujet tabou, je préfère dire qu'on ne voit pas cet aspect de la grossesse et de la naissance comme la priorité dans la préparation.
Peut-être ne veut-on tout simplement pas effrayer les futures mamans ?
Ça me fait penser au sketch de Florence Foresti sur l'accouchement "le secret maternel" et la "clause de confidentialité avec l'hôpital". Il ne faudrait surtout pas en parler pour ne pas décourager la prochaine génération de faire des enfants !
Car on ne va pas se mentir les filles, le retour de la maternité n'est pas un long fleuve tranquille et ne ressemble pas du tout à cette image de la maternité parfaite et épanouie que véhiculent les médias et les réseaux sociaux.
La future maman va devoir appréhender son nouveau corps et gérer la tempête émotionnelle qui s'est emparée de son esprit tout en garantissant les soins et le bien-être de son poupon et en lui apportant toute l'attention et l'amour que celui-ci mérite.
Ça fait déjà beaucoup à gérer !
Si en plus, elle a une tendance Bree VanDeKamp et qu'elle se met une pression d'enfer pour que son logis brille et ressemble à une pub de Monsieur Propre, il y a fort à parier que le burn out n'est pas loin.
Cette fois-ci, je me suis donc détachée de ce fameux plan de naissance dont on nous fait l'éloge pendant la préparation à l'accouchement.
Oui, il faut y penser.
Oui, il faut en parler.
Mais faut-il l'écrire en détails et s'y accrocher comme si c'était la Sainte Bible ?
Comme me l'a dit avec sagesse une amie dernièrement, visualise et vise le meilleur scénario pour le jour J et laisse faire.
Et je trouve dommage qu'on n'en parle pas pendant la préparation : il faut formaliser ses souhaits certes, mais il me semble également important de se parer à d'autres éventualités.
Tu sais le plan B. Si ça ne se passe pas comme je l'avais prévu ou imaginé, que fait-on ?
Si on doit me déclencher ?
Et si je craque pour la péridurale alors que je maintiens mordicus depuis des mois que je veux un accouchement naturel ?
Si on doit envisager une césarienne d'urgence, comment ça va se passer ? Comment je vais accueillir et vivre la nouvelle ? Comment se passe la convalescence ?
Je pense qu'on gagnerai toutes à penser nos plans de naissance avec souplesse et toujours beaucoup de bienveillance envers nous-mêmes.
Mon plan post natal
J'ai donc aujourd'hui une idée plus ou moins claire de ce que j'aimerais pour la naissance de mon deuxième enfant tout en gardant une certaine souplesse dans les éventualités.
Évidemment, je traverse toujours de gros moments de doutes et de panique ayant une capacité incroyable à imaginer le pire, il m'arrive de laisser l'angoisse prendre le dessus.
Mais visualiser l'accouchement de mes rêves tout en envisageant les autres possibilités m'aident à calmer ces craintes et me permettent de mieux appréhender le jour J.
Et bien que j'ai consacré le temps nécessaire à la visualisation de mon accouchement parfait (modulo les imprévus comme précisé plus haut), j'ai surtout consacré de l'énergie (positive) à penser et préparer mon retour à la maison pour qu'il se fasse dans un environnement aussi doux et bienveillant que possible.
Mon plan post natal s'articule donc autour de 3 axes principaux :
- Apprivoiser mon nouveau corps
- Reprendre la main sur mon alimentation
- Gérer ma santé mentale
Apprivoiser mon nouveau corps
Quand tu es enceinte, tu es rayonnante, les gens te complimentent sur ta belle bedaine et du jour au lendemain, ce ventre que tu as tant aimé flatter et mettre en avant va s'apparenter à une coquille vide que tu voudras désespérément cacher ou faire disparaître.
Après la naissance, ce bidou va rester plus ou moins longtemps. Cette cachette qui protégeait la Vie est maintenant un amas de peau molle, détendue, sûrement fripée de vergetures et peut-être même zippée d'une cicatrice de césarienne. Tu as accouché il y a plusieurs jours déjà et les gens croient toujours que tu es enceinte. Gênant. Agaçant.
Il va falloir laisser le temps au temps. Sois douce avec toi-même, tu verras il fera des miracles.
Selon moi, il est inutile de se remettre au sport de manière intense pour récupérer à tout prix ce corps d'avant (qui ne reviendra jamais exactement comme avant d'ailleurs). De toutes manières, gérer un nouveau-né est déjà un sport en soi surtout quand celui-ci va commencer à bouger partout ! Crois moi pas besoin de passer des heures à la salle pour te dépenser dans les prochains mois en particulier si, comme moi, tu as un modèle hyper actif !
Cela étant dit, tu auras le temps de te remettre à l'exercice un peu plus tard (dans 6 semaines environ) et en douceur.
Je t'invite d'ailleurs à consulter un kinésithérapeute pour avoir une bonne idée de ta forme et de tes capacités, le but n'étant pas d'abîmer ton corps mais d'en prendre soin, un professionnel saura t'accompagner dans la reprise de ton exercice physique pour une remise en forme efficace et douce.
Il y a également des salles de gym spécialisées telles que Bougeotte et Placotine pour une reprise de l'exercice progressive et dédiées aux jeunes mamans qui peuvent venir partager un cours avec d'autres mamans et leurs bébés dans la bonne humeur ! Une belle façon de faire des rencontres et de se sentir active tout en respectant ton périnée et ta diastase.
Avant d'envisager la reprise du sport, la première chose à faire selon moi pour apprivoiser ce nouveau corps est de repenser sa garde-robe. Peut-être que tu auras la chance de rentrer dans ton jeans taille 36 à la sortie de la maternité (il paraît que ça existe...myhte ou réalité ?) mais il y a plus de chance que tu vives dans tes jeans de grossesse pendant quelques mois encore et c'est bien correct !
En ce qui me concerne, j'ai choisi de magasiner un peu pendant ma grossesse pour trouver des habits qui me plaisent et dans lesquels je me sentirai à l'aise.
Ayant un bébé de fin de printemps, je me suis concentrée sur de jolies robes larges (qui en plus de ne pas coller à la peau en cas de fortes chaleurs me permettront de camoufler un peu mon ventre mou) avec des motifs et des couleurs chaleureuses et un accès pratique à ma poitrine (c'est mieux pour allaiter facilement). J'ai pris 1 voire 2 tailles au-dessus de ma taille habituelle un point c'est tout. On s'en fout du chiffre ou de la lettre sur une fichue étiquette non, tant qu'on est bien dans ses baskets (ou dans sa robe en l'occurrence) ?
J'ai donc pris le temps de me constituer une petite garde-robe spéciale postpartum.
C'est un petit budget pour une garde-robe temporaire mais il n'est pas nécessaire de dépenser des fortunes et d'avoir 15000 tenues. Quelques une suffisent pour se sentir bien et les friperies regorgent de petits bijoux qui ne demandent qu'à sublimer une jeune maman !
En plus, magasiner pour soi (et non pour bébé) et bien ça fait un bien fou au moral !
Que des bénéfices en somme !
Reprendre la main sur mon alimentation
Tout comme il est futile de se remettre au sport immédiatement et de manière intensive, il est encore moins utile de s'affamer ou de se nourrir uniquement de jus de kale ou de concombre pour retrouver la ligne le plus vite possible.
Ton corps aura besoin d'énergie et d'amour.
Et cela passe par de bons petits plats pleins de nutriments !
Je me suis rendue compte la première fois à quel point il pouvait être difficile de se préparer un repas équilibré avec un bébé dans les bras. Même si le Papa est en congés, entre les soins et les demandes du nourrisson, la fatigue intense, il est parfois difficile de faire quelques courses et d'éplucher des légumes frais. Surtout quand tu as faim et que tu veux manger tout de suite !
J'ai donc pris le temps de préparer quelques plats à l'avance que j'ai congelés pour couvrir les trois repas principaux de la journée. Je partagerai mes recettes et mon organisation dans un autre article.
J'ai manqué d'énergie pour préparer des collations mais je ne peux que recommander !
J'avoue que pendant la grossesse, j'ai fait de nombreux écarts (et j'assume), je vais donc également remettre un peu d'ordre dans mon alimentation et limiter les grignotages intempestifs.
Je ne dis pas qu'il n'y aura pas de pizzas au parc, des chips à l'apéro ou de crèmes glacées par une chaude soirée d'été, tout est une question d'équilibre mais un petit effort de ma part s'impose.
Et pour cela, j'ai des plats équilibrés et cuisinés avec amour qui m'attendent et ça, ça m'enlève une beau petit poids de l'esprit !
Gérer ma santé mentale
C'est la partie la plus délicate du quatrième trimestre car personne ne peut prévoir comment tu vas réagir ou vivre ta maternité. Il suffit d'un accouchement mal vécu, d'un allaitement chaotique associé à une fatigue intense et une chute hormonale brutale inévitables et tu t'effondres.
Je pense que la première étape est de reconnaître ton mal-être et de poser des mots dessus. Plus facile à dire qu'à faire, oui. D'autant plus que nous vivons dans un monde où la jeune maman doit renvoyer le bonheur et l'épanouissement parfaits. Ce qui ne laisse pas de place à l'expression d'un malaise ou d'une souffrance mentale quelconque.
Pour ma part, ça fait 2 ans que je tente de mettre des mots et de faire le deuil de mon premier accouchement. C'est un long cheminement et il n'est pas terminé mais comme tu le vois, j'ai rebondi même si mon mental n'est pas inébranlable et j'ai remis le couvert avec un deuxième bébé !
Que tu traverses un baby blues ou une dépression post natal, il y a peu de chance pour que tu échappes à une période de très grande tristesse pendant laquelle tu te sentiras minable et incompétente. Peut-être même dangereuse pour ton bébé. Il faut le savoir et il ne faut pas avoir honte d'en parler. À ton conjoint, ton médecin, ta mère ou ta meilleure amie. Fais-toi accompagner. De préférence par un professionnel si tu en as l'occasion. Lui seul saura t'aiguiller dans cette période délicate et déstabilisante.
Le deuxième aspect dont on ne parle pas est l'isolement. Papa va finir par retourner travailler et tu vas te retrouver seule avec ce petit être tout en demandes et pas très stimulant pour toi. Les amies sont au travail et ta mère est sûrement très loin de toi géographiquement. Je n'ai pas de solution miracle si ce n'est de te prévoir des activités qui te font plaisir pour occuper tes mains et ton esprit !
Comme participer à des sessions d'informations ouvertes aux mamans et aux bébés sur les thèmes qui t'intéressent (le sommeil de bébé, l'introduction à la DME...) ou aller à des rencontres sur l'allaitement, ce sont des endroits parfaits pour voir des personnes et qui sait peut-être se lier d'amitié. Regarde sur Internet, inscris-toi à des groupes Facebook dédiés, la toile regorge d'idées !
Prendre des cours de sport pour se remettre en forme dans des centres spécialisés est également un bon moyen de se forcer à sortir et à sociabiliser le moment venu.
Se mettre au yoga ou à la méditation, il y a plein de vidéos sur Youtube et d'applications pour se lancer si tu ne te sens pas prête à rejoindre un cours en présentiel.
Avoir des projets d'écriture, de tricot ou d'enfilage de perles me semblent des bonnes idées pour se tenir occuper.
Un moyen d'expression tels qu'un blog, un compte Instagram, peu importe ce qui te fait du bien, trouve ton moyen d'expression et vis le pleinement. Ne te laisse pas te refermer sur toi-même !
Avoir une liste de livres à lire (les livres audio ça marche aussi pendant l'allaitement), de podcasts à écouter, des reportages ou des séries que tu n'as jamais le temps de regarder' C'est d'ailleurs le bon moment pour se refaire l'intégrale de Grey's Anatomy !
Attention, le danger est de rester scotcher devant son écran toute seule dans une réalité virtuelle. Les réseaux sociaux et la télévision, oui mais à petite dose ! Encore une fois, c'est une question d'équilibre et il faut impérativement que tu sortes, pas question de rester enfermée toute la journée !
Ne serait-ce que pour retirer ce pyjama dans le quel tu as envie de trainer. Quoi de plus déprimant que de rester en mou toute la journée ? Certes, c'est confortable mais aussi plein de régurgitations de bébé ! Allez hop, on enfile une tenue, on met un soupçon de mascara pour la forme, on relève ses cheveux dans un joli chignon désorganisé typique des jeunes mamans et on va prendre une marche, lire un livre au parc, prendre un café en flânant dans la rue, faire les boutiques même si tu veux ! Même pas besoin d'avoir un objectif précis, le but est de prendre le temps, de profiter et de s'aérer ! En plus, le plus souvent, la marche berce bébé qui dort paisiblement dans son landau, même pas besoin de batailler pour l'endormir. Doublement gagnant !
Et si tu as de la chance, tu pourras peut-être partager ce fameux café avec une amie qui aura pu se libérer pour toi. Mais pour ça, il faut oser demander à l'amie en question si elle est disponible pour un café en pleine journée dans la semaine et ça demande un peu d'anticipation et d'organisation. Mais si tu ne demandes pas, tu ne risques pas de la croiser par hasard ! Alors ose !
En synthèse, fais une liste de toutes ces petites choses qui pourraient te faire du bien et n'hésite pas à piocher dedans quand l'ennui ou la tristesse se font sentir.
Ce n'est pas une solution miracle, ça n'empêchera pas les larmes de couler mais disons que si tu as la force de consulter ta liste et de trouver de l'entrain dans une des activités que tu auras pris le temps de préparer, ta journée sera plus douce et sûrement moins longue.
With Love.
Laëtitia
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